Des landes et tourbières choyées par le Parc d'Armorique
Publié le 16/10/2025
Grâce au programme Life — L'instrument financier européen — Landes d'Armorique, le Parc naturel régional d'Armorique a pu mener de nombreuses actions d'entretien et de restauration de ses 10 000 hectares de landes et tourbières, dans les monts d'Arrée et au Menez hom.
Le programme Life landes d'Armorique sur le site internet du PNRA
Depuis 2021, le programme européen Life Landes d'Armorique finance des actions en faveur des landes et tourbières du PNRA. Sur ses 125000 hectares de surface, 10000 sont couverts par ces milieux si particuliers.
Les landes, un milieu en évolution, entretenu par une agriculture pastorale
Les landes ne sont pas des milieux sauvages. Elles résultent de l'activité humaine : un certain type d'agriculture agropastorale qui suppose la fauche et le pacage des moutons ou vaches adaptés qui empêchent le milieu de se fermer et de se transformer en forêt. Les végétaux fauchés sont broyés et servent de litière pour les animaux, autrefois exportée jusque dans le Léon. La tourbe, matière organique (mousses) accumulée et compressée lentement dans les landes humides, était récoltée et séchée par la population locale qui assurait ainsi une année de chauffage en deux jours de travail. Auparavant pleinement intégrées au système agricole et rural, les landes s'épanouissaient en Bretagne, comme en témoignent encore les contes et légendes, l'Ankou et la porte des enfers entre autres...
L'agriculture intensive a transformé ces surfaces en champs cultivés, des programmes de plantation de résineux dans les années 1960-70 ont achevé de les faire disparaître ou presque. Peu de ces landes subsistent et le PNR abrite le plus grand massif de landes Atlantique du continent européen.
Stockage de carbone et biodiversité spécifique
Les landes et surtout les tourbières ont aussi des fonctions précieuses en période de changement climatique : rétention et filtration de l'eau, limitation de la propagation des incendies, stockage de carbone, 6 à 7 fois plus efficace qu'une forêt. L'enjeu de conservation est donc important. D'autant que ces milieux abritent une faune et une flore spécifiques. Les botanistes répertorient une cinquantaine de landes différentes selon les types de végétation.
Bruyères, ajoncs, molinies, sphaignes sont les plantes typiques des landes ; celles du PNR abritent 95% de la Sphaigne de la Pylaie du monde. Des espèces animales dépendent aussi grandement de ces milieux. Parmi les oiseaux, le courlis cendré subsiste encore dans les landes finistériennes. Six couples hivernent dans les monts d'Arrée et au moins un poussin a pris son envol au printemps !
Des actions de conservation et reconstitution prometteuses
Les actions de préservation ou reconstitution menées depuis 2021 ont donc porté leurs fruits : coupe des résineux dans les parcelles difficiles à exploiter par les forestiers, fauche et pâturage, comblement des drains pour maintenir l'humidité naturelle en place et permettre aux tourbières de se reconstituer (ce qui prendra 1000 ans).
Le programme Life landes d'Armorique se termine (1,6 million d'euros) mais les actions de préservation des landes continuent, confiées à l'association Bretagne vivante avec l'aide du Département du Finistère. 160 hectares ont été acquis et sont désormais publics et 400 ha restaurés. Une quinzaine de communes et trente à quarante agriculteurs se sont impliqués. L'association Bretagne vivante poursuivra le travail, en particulier via ses réserves naturelles (du Venec et du Cragou-Vergam).
Pour sensibiliser la population locale à l'intérêt des landes et tourbières et aux bonnes pratiques à adopter, le PNR s'adresse aux enfants ; des écoliers sont invités à les découvrir et l'école bilingue de Saint-Rivoal a même choisi une tourbière en guise d'Aire terrestre éducative, un terrain proche de l'école qui sert de support pédagogique.
Un circuit d'itinérance pour les randonneurs à travers les landes des monts d'Arrée,, Kalon menez Are, est par ailleurs en cours de constitution et, s'étendra à 100 km en 2026.