Adaptation au changement climatique à Concarneau Cornouaille agglomération

Publié le 16/12/2025
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Les Petits débrouillards Grand Ouest mènent un projet d'éducation et de formation autour de l'adaptation au changement climatique. Transistoc'h y participe à travers une série d'émissions radio. Dans cet épisode, on se penche sur les adaptations au changement climatique à Concarneau Cornouaille agglomération au regard de l'eau potable. 

Le site internet des Petits débrouillards Grand Ouest

Écoutez la série radio sur l'adaptation au changement climatique soutenue par l'UE 

Photo de couverture : Le Moros par Henri Moreau-CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

Concarneau Cornouaille agglomération (CCA) compte neuf communes et 53 000 habitants et habitantes. Il y a des communes urbaines, des communes littorales, des communes rurales, soit une grande diversité de situations et de problématiques (comme c’est souvent le cas en Bretagne). L'action de la direction de l'eau et de l'assainissement touche aussi bien au petit cycle de l’eau (prélèvement de l’eau dans l’environnement pour l’eau potable), qu'au grand cycle de l’eau (aménagement), en passant par le traitement de l’eau après usage avant sa remise dans le milieu naturel (assainissement collectif et non collectif) et les littoraux. 

L’essentiel de l’exploitation est confié à une régie municipale (encore en cours de déploiement) ; ce qui signifie que la collectivité gère elle-même le fonctionnement quotidien de l'approvisionnement en eau potable. Le territoire de CCA compte une dizaine de sites de production d’eau potable (dont trois sites de surface, sur l’Aven et le Moros, qui représentent 70 % de la production) et sept autres sur des captages, des forages en profondeur. C’est très classique en Bretagne, nous avons ici essentiellement de l’eau de surface. S'y ajoutent une douzaine d’usines d’épuration (qui traitent les eaux après usages avant de les restituer au milieu naturel), la plus grosse peut s’occuper des rejets jusqu’à 75 000 équivalents habitants. Tout ceci représente 1 100 km de canalisations pour l’eau potable (avant le compteur) et un peu moins de 400 km pour l’assainissement collectif ; le reste dépend de l’assainissement non collectif (fosses septiques) et est contrôlé par le SPANC. 

Le "choc" de la sécheresse de 2022 et la perspective d'un manque d'eau potable

En 2022, l'épisode de sécheresse marquée qui a touché la Bretagne a aussi affecté le réseau de CCA, la collectivité a dû obtenir des dérogations pour puiser dans ses captages alors que le seuil limite des rivières était atteint. Dans ce cas, ce sont les espèces du cours d'eau qui sont menacées. Depuis, le sujet de pénuries potentielles d'eau potable est très fortement pris en compte par les élus, par les services, notamment à l’occasion d’un plan décennal qui prévoit 84 millions d'euros d'investissements. 

C’est aussi la prise de conscience du prix de l’eau. La seule source de financement de la gestion collective de l’eau passe par la facture, et malheureusement, on ne peut que poser ce constat, l'eau va coûter plus cher. 

Cette situation soulève de nombreuses questions, y compris dans des domaines qui semblaient aller de soi comme le tourisme, qui est très consommateur d’eau, mais aussi le développement industriel : en cas de pénurie d’eau, une brasserie ne peut plus tourner, au sens premier.

L'agglomération pourra-t-elle accueillir de nouveaux habitants, c’est également une question centrale : a-t-on assez d’eau pour cela ?

Jusqu'à présent, en Bretagne, produire plus d’eau potable était juste une question technique : augmenter les capacités d’une usine ou ouvrir une nouvelle usine. Aujourd’hui, c’est tout le développement local qui est en question.

Le problème de notre région c'est la quasi-absence de nappes phréatiques (stockages en sous-sol) et notre grande dépendance des eaux de surface (rivières) dont la caractéristique est d'être fluctuantes. Davantage que la quantité d’eau à l’année, c’est la répartition dans l’année qui peut poser un problème : des manques au printemps, été, automne, et un excès en hiver, l’excès étant plus facile à résoudre que le manque.

La politique de CCA pour prévenir les pénuries d'eau potable

L'agglomération de Concarneau a commencé par un état des lieux de son patrimoine aquatique : beaucoup d’ouvrages anciens devaient être réexaminés pour évaluer les besoins en réparation, par exemple pour réparer des drains, puis les suivre dans le temps. C’est ainsi qu’on a pu savoir très tôt en 2025 que les niveaux étaient très bas, cela permet de se préparer.

Un réseau 100 % étanche, ça n’existe pas. Repérer les fuites sur l’équivalent de la distance Lille-Marseille (les 1100 km de tuyaux d'eau potable) est un travail de longue haleine. Des travaux sont réalisés pour poser des compteurs, sectoriser, identifier des lieux où la consommation augmente de façon anormale, et pouvoir chercher au bon endroit. La direction de l'eau et de l'assainissement renouvelle annuellement 14 km de réseau (contre 4 km par an lors du précédent Schéma directeur), 

Pour réduire les besoins et faire évoluer les comportements de consommation d'eau, il est aussi nécessaire de sensibiliser la population avec des campagnes, par exemple pour les récupérateurs d’eau de pluie, mais aussi et surtout les "gros consommateurs" : les directions des campings, où la consommation est maximale au moment où la ressource est la plus rare (en été), les industriels pour qui la pénurie signifierait l’arrêt de l’activité.

D'autres projets sont menés parallèlement comme l'éventuelle réhabilitation d’anciens captages abandonnés, car jugés trop petits, moins faciles, la détection de nouveaux captages, la collaboration avec les autres collectivités pour se sécuriser les unes les autres (le Département du Finistère étudie quant à lui les stockages possibles dans d'anciennes carrières).

D'autres questions liées au changement climatique deviendront sans doute plus cruciales dans les prochaines années pour la direction eau et assainissement de CCA, celle de l'épuration de l'eau en période de fortes pluies (arrivées trop massives d'eaux usées pour la capacité des stations d'épuration ou débordement des réseaux d'eaux usées) ; sans oublier l'adaptation en zone côtière et la question des aménagements urbains en bord de mer face aux submersions marines. 

Ce programme est soutenu dans le cadre de l'Appel à projets FEDER Sensibilisation aux enjeux climatiques dans les milieux scolaires ou à destination du grand public.

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