Comment on observe scientifiquement l'évolution du trait de côte breton
Publié le 10/03/2025
Pour observer scientifiquement l'évolution du trait de côte, l'observatoire des risques côtiers en Bretagne OSIRISC a mis en place un protocole et des outils qui sont utilisés sur le terrain par les collectivités, avec des formations et un accompagnement technique.
Littor'Risques sur le site du Conseil départemental du Finistère
Réécoutez la précédente émission sur OSIRISC, Litto'Risques et les risques côtiers en Bretagne
Pour évaluer les risques que les humains et leurs infrastructures encourent en bord de mer dans le contexte du changement climatique, il faut notamment pouvoir mesurer précisément l'évolution du trait de côte (limite entre la terre et la mer). C'est l'une des missions coordonnées par l'observatoire OSIRISC qui s'appuie pour cela sur les collectivités adhérentes à Litto'Risques. Dans le Finistère, elles sont 13 (intercommunalités, communes et établissements de bassin versants) à adhérer, depuis 2020 pour les premières ; le réseau s'étend progressivement aux autres départements bretons. Il faut dire qu'il y a plus de 4000 km de côtes en Bretagne et que leur découpage et leur hétérogénéité suppose de multiplier les points d'observation.
L'observation du littoral, une compétence technique et locale
L'engagement des collectivités est fondamental puisqu'il s'agit de suivre le trait de côte sur une longue période (plusieurs décennies), de manière fiable et rigoureuse. Les protocoles de suivi doivent non seulement être suffisamment précis et complet pour permettre une collecte de données homogènes pour tous les sites, pour faciliter leur conservation sans perte (bancarisation), leur diffusion et leur traitement rapide via des plateformes de visualisation accessibles en ligne et qui ont vocation à servir d’aide à la mise en place de mesures de gestion du risque si nécessaire.
Les scientifiques de l'IUEM, avec leurs partenaires du Conseil Départemental du Finistère et du Cerema, forment les agents des collectivités aux relevés (définition des protocoles, prise en main des outils de mesures qui leur sont mis à disposition), ainsi qu’à la gestion des données, y compris leur interprétation en autonomie.
Une fois les sites d'observation définis (en fonction des priorités pour la collectivité, de leur intérêt scientifique, mais aussi des ressources humaines que les collectivités et établissements peuvent y consacrer), les suivis sont typiquement effectués deux fois par an, au printemps et à l'automne.
Pour les côtes basses ou d'accumulation hors estuaires (plages de sables et galets), on utilise des marqueurs comme la limite de végétation au pied d'une dune pour suivre la position du trait de côte. Et on réalise des profils du niveau de sable de la plage le long d'une radiale bien définie pour suivre l’évolution du bilan sédimentaire. Les relevés sont effectués avec une antenne GPS mobile, avec précision différentielle.
Pour les côtes à falaise, on utilise un pointeur laser pour relever un profil le long du versant, ou la technique de photogrammétrie : on prend de très nombreuses photographies de la falaise depuis la plage, avec beaucoup de recouvrement entre photos, et on les assemble grâce à un logiciel dédié qui permet de reconstituer un modèle numérique de terrain de la falaise, sur des emprises pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres.
Des évolutions déjà observées
Les données sont stockées sur des serveurs de l'IUEM, qui hébergent aussi les plateformes de visualisation. Les scientifiques peuvent les utiliser dans leurs recherches ; des logiciels permettent aussi d'automatiser le traitement d'une partie des données pour leur utilisation directe par les collectivités et établissements publics.
Même si l'observation n'a commencé qu'en 2020, des phénomènes d'érosion côtière sont déjà visibles. D'autant plus qu'on peut comparer les observations récentes avec des recueils plus anciens comme des photos aériennes (qui ont été géo-référencées par l’IGN pour une campagne du début des années 1950) ou la captation Lidar topo-bathymétrique réalisée par le Shom (Service hydrographique et océanographique de la Marine) en 2012 pour le Finistère.