Un pied dans la fourmilière avec le myrmécologue Clément Gouraud du REEB
Publié le 22/11/2024
Avant de nous plonger à chaque saison dans une fourmilière, le myrmécologue Clément Gouraud, enseignant en lycée agricole dans la région rennaise et adhérent de Reeb, nous dresse durant 45 minutes le portrait de la fourmi et nous explique un peu aussi ce métier passion.
Myrmécologue, un métier passion
Clément Gouraud est enseignant en lycée agricole à Rennes, mais il entretient depuis plus de dix ans, une activité passion qu'il mène bénévolement autour des fourmis, la myrmécologie. Une passion qui a vu le jour à son adolescence où il lisait les œuvres de Bernard Werber et il côtoyait surtout les naturalistes et les entomologistes de son entourage. En 2010, la carence de données scientifiques sur cet insecte a poussé Clément dans cette voie.
Le métier de myrmécologue reste rarissime au sein des universités et des associations naturalistes. Clément explique qu’en dehors des quelques expériences concernant la communication et leurs compétences sociales faites en laboratoires, l'essentiel des études des fourmis dans leur environnement sont assurées par des associations œuvrant dans le cadre environnemental et la biodiversité telles que le Groupe d'Etude des Invertébrés Armoricains ou Bretagne Vivante.
Hormis en laboratoire, le moyen d’étudier les fourmis est de les inventorier. Depuis 2012 un atlas sur les fourmis de Loire-Atlantique a été cocréé par Clément, un travail d'inventaire qui désormais s’étant sur la région Bretagne, les Pays-de-la-Loire et la Normandie. Pour cela, il part à leurs rencontres dès les premiers beaux jours et collecte des fourmis jusqu’en automne. Il les place ensuite dans des boites de collections afin de transmettre ce bio patrimoine aux générations futures. Et quand il rencontre des espèces particulières, Clément produit des publications à destination des naturalistes amateurs ou professionnels et des scientifiques. Ses publications concernent aussi ses observations sur leurs comportements alimentaires ou les interactions avec les plantes par exemple.
Pour les trouver, Clément cherche des habitats potentiels spécifiques à chaque milieu comme des cavités arboricoles, sous les cailloux, mais aussi sur les fleurs au printemps. Et malgré cette impression d’avoir toujours tout découvert, on trouve encore de nouvelles espèces parfois juste devant nous ou encore, on peut se trouver face à une espèce qui avait « disparu des radars depuis plus d’un siècle refaire surface, je l’ai rencontré à nouveau en Côtes-d'Armor pour finalement retrouver un mâle dans mon jardin » dit Clément amusé. Il ajoute que « cela prouve notre méconnaissance, un manque de recherche puisque au final, elle n’avait pas disparu, elle est juste très discrète. »
Qu'est-ce qu'une fourmi ?
La fourmi est un insecte (tête, thorax, abdomen et 3 paires de pattes) de l’ordre des hyménoptères. Ces animaux sont eusociaux, cela signifie qu’ils sont organisés socialement et plus spécifiquement sous forme de castes avec les ouvrières (femelles stériles), les reines (femelles sexuées pourvues d’ailes pour assurées aussi la dispersion) et les mâles qui ont principalement un rôle reproductif.
Sa tête est pourvue d’antenne pour se diriger et communiquer, les mandibules, de diverses formes, reflètent leur principale alimentation, leurs yeux à facettes servent à repérer les éléments clés et elle possède aussi d'autres organes sensoriels. Le thorax est fusionné en partie avec l’abdomen (principaux organe et fabrication de substance chimique), il contient les muscles actionnant les pattes griffues et les ailes pour les mâles et les reines.
Environs 75 espèces ont été répertoriées en Bretagne (210 environs pour la France et 16000 pour la planète) et leurs tailles varient de 1 mm pour les plus petites jusqu’à 20 mm pour les plus grandes. La fourmi occupe une place intermédiaire dans la chaine alimentaire, car elle mange aussi bien des substances végétales (pollen, nectar), mais elles sont aussi des prédatrices pour d’autres insectes. C’est aussi une espèce vitale pour le maintien de beaucoup d’écosystème, puisque c’est aussi la base de l’alimentation de certains oiseaux et d’autres animaux comme le Pic-vert et même l'Ours Brun dans les Pyrénées.
Mais les fourmis ne sont pas des insectes pacifiques pour autant, Clément confirme que les fourmis rouges, Les Myrmica sont plus agressives que leurs cousines les fourmis noires, car "elles ont gardé leur aiguillon qu’elles ont acquis de leurs ancêtres guêpes qu’on pouvait trouver à la fin du jurassique." précise Clément.
Dans les œuvres et les croyances populaires, leurs habitats sont représentés comme un grand monticule de débris, mais dans la réalité, les fourmilières utilise plutôt des cavités naturelles, mais la forme des nids dépends beaucoup d'espèces, surtout si les fourmis sont dites spécialisées. Dans la grande majorité de cas, ses fourmilières abritent une reine et s’entourent d’ouvrières et puis les mâles qui sont ailés pour la reproduction.
Clément fini par revenir aussi sur d'autres représentations de la fourmi dans les contes, le cinéma…