Abbaye de Landévennec : veiller sur 50 000 objets archéologiques

Publié le 20/05/2025
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Après plus de 25 ans de fouilles archéologiques à l'ancienne abbaye de Landévennec, les objets mis au jour atteignent le nombre vertigineux de 50 000 ! Tous ne sont pas exposés et ne seront pas conservés indéfiniment. Manon Olive, régisseuse de collections, et Guénolé Ridoux, médiateur scientifique, nous expliquent ce qu'ils deviennent. 

Le site internet du musée de l'ancienne abbaye de Landévennec

Réécoutez l'interview de Ronan Pérennec, archéologue médiéviste du Centre départemental d'archéologie du Finistère à propos des fouilles de l'ancienne abbaye.

Non seulement les fouilles de l'ancienne abbaye de Landévennec ont duré 25 ans, mais en outre le site couvre plus de mille ans d'histoire (du VIe siècle à la Révolution, presque sans interruption) et les conditions naturelles ont permis la conservation exceptionnelle de bon nombre d'éléments organiques : la présence d'une rivière, d'une tourbière et la saturation du site en eau ont favorisé la préservation des végétaux, boiseries, ossements animaux ou humains (quelque 250 squelettes), ce qui est très rare en Bretagne où les sols acides décomposent rapidement la matière carbonée. 

2000 objets dans la collection patrimoniale et 50 000 en dépôt

Aujourd'hui, environ 50 000 objets sont conservés, pour l'essentiel sur place. Très peu sont exposés. 2000 sont considérés comme des objets de patrimoine, à présenter au public, dans la collection permanente du musée ou au fil des expositions. Les objets présentés au public sont les plus solides (lapidaire, éléments d'architecture, objets en métal ou verre) ou ceux qui ont été restaurés. Ainsi, le sarcophage en bois du IXe siècle, qui a pu être récemment traité (par lyophilisation et injection d'une résine à la place de l'eau qu'il contenait encore) grâce aux progrès techniques, trouve une place de choix dans le musée.

C'est loin d'être le seul objet "délicat" à conserver. Des petites pommes, des noyaux ont aussi pu être restaurés pour intégrer la collection patrimoniale. Les objets présentés au public sont choisis davantage pour leur lisibilité que pour leur pur intérêt historique (même s'ils en ont un). Bien des objets de la réserve ont un grand intérêt scientifique, mais sont trop fragiles pour être exposés ou même conservés à long terme ; ce serait trop couteux. 

La collection d'études du musée, centre de recherche pour les scientifiques 

Ils sont conservés au dépôt sur place (dans des conditions d'hygrométrie adéquates) voire au dépôt archéologique du Centre départemental du Faou. Et ils sont à la disposition des scientifiques qui souhaiteraient les étudier. C'est ce qu'on appelle la collection d'étude. Car un musée comme celui de l'abbaye de Landévennec est aussi un centre de recherche. Un projet de Harvard et de l'Institut Max Planck s'est intéressé aux squelettes de l'abbaye pour savoir si la peste de Justinien (VIe/VIIIe siècles) avait atteint la Bretagne. Certains de ces squelettes ont aussi intéressé un doctorant en médecine générale de Rennes 1 qui étudie également la paléopathologie. 

Des expertises peuvent éventuellement être demandées en fonction des recherches, des moyens et, là encore, des progrès techniques : analyses ADN, analyses parasitologiques, etc. 

Le travail de Manon Olive et Guénolé Ridoux est aussi de surveiller régulièrement l'état sanitaire des objets et leurs conditions de conditionnement. L'inventaire (recollement) effectué tous les dix ans permet aussi de vérifier qu'aucun objet ne manque.