Silence ça touille : Chercher Hortense à la glace au thé matcha.

Publié le 27/05/2025
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Silence ça touille, la chronique cinéma et cuisine de Christophe Casazza avec 3 nouveaux films, et Cherchez Hortense à la glace au thé matcha.

Par Christophe Casazza

En entrée je vous propose A Normal Family réalisé par Hur Jin-Ho. Imaginez : Deux frères, un avocat matérialiste et un chirurgien idéaliste, avec leurs charmantes épouses, qui ont l’habitude de se réunir régulièrement pour un délicieux rituel gastronomique dans une resto chic de Séoul. Mais voilà qu'au menu de ce repas, on leur sert une agression criminelle bien juteuse commise par leurs propres enfants sur un vagabond. Leur sens de la morale est alors mis à l’épreuve et, c'est le grand déballage ! Les différences de moralité éclatent comme une cocotte-minute oubliée sur le feu, et les secrets de famille, enfouis si profondément qu'on les croyait disparus, refont surface dans une délicieuse joute est verbale et psychologique. Si vous aimez les huis clos où les masques tombent plus vite qu'un soufflé raté, ce film devrait vous régaler.

Pour le plat de résistance passez sur le divan de Matt Brown, le réalisateur du film Freud mais un Sigmund Freud (incarné par le toujours impeccable Anthony Hopkins) qui est plutôt sur le banc de touche de la vieillesse, transformé par les affres de l'âge et de la maladie. C’est une sorte de maître Yoda aigri qui aurait oublié la sagesse. Réfugié à Londres avec sa fille Anna, notre célèbre psychanalyste n'attend plus grand-chose de la vie... jusqu'à ce qu'un certain C.S. Lewis (joué par Matthew Goode), frappe à sa porte pour discuter de l'existence de Dieu. Préparez-vous à un choc des titans intellectuels, où les neurones froissés de Hopkins affrontent la foi candide (ou pas si candide) de Goode. Si vous aimez les échanges qui fusent et les figures historiques incarnées avec brio, ce Freud pourrait bien être une séance de thérapie divertissante !

Au dessert, un peu de légèreté avec l’amusant Le Répondeur, de Fabienne Godet, on y fait la connaissance de Baptiste (Salif Cissé), un imitateur talentueux mais... fauché. Heureusement, ou pas, il croise le chemin de Pierre Chozène (Denis Podalydès), un célèbre romancier allergique à la vie sociale qui a une idée de génie ou pas : engager Baptiste pour devenir sa voix au téléphone, son double sonore, son "répondeur humain" ? Malheureusement dans cette comédie, l'identité se brouille plus vite qu'une mauvaise connexion Wi-Fi. Les quiproquos sont savoureux et le film nous offre alors un numéro d'équilibriste succulent entre le besoin de calme de Chozène et l'art de l'imitation de Baptiste. Le Répondeur est la parfaite illustration que, parfois, pour vivre incognito, il faut accepter de vivre... une vie à deux voix. Une chose est sûre, ça décroche des rires !

Chercher Hortense de Pascal Bonitzer

Dans Chercher Hortense de Pascal Bonitzer, on plonge dans la vie (pas si) tranquille de Damien (Jean-Pierre Bacri), un prof de civilisation chinoise qui, visiblement, comprend mieux la Grande Muraille que la communication familiale. Sa femme Iva (Kristin Scott Thomas), est accaparée par son travail et le somme de faire jouer ses relations pour aider une jeune Serbe, Zorica. Sa mission ? Demander à son père, Sébastien Hauer (Claude Rich), président au Conseil d'État et accessoirement expert en "relation froide et distante" d’intervenir pour l’aider à obtenir des papiers pour Zorica,

Le hic c’est que Damien est un as de la procrastination paternelle. Il repousse tellement le moment de cette demande qu'il préfère mentir à Iva plutôt que d'affronter le Sphinx familial. Fatalement le mensonge éclate, la pagaille s'installe. Dans la scène qui nous intéresse, on retrouve Damien en tête-à-tête avec son père dans un restaurant japonais, l’échange est délectable. Car son père minaude avec Satoshi (Masahiro Kashiwagi), le beau serveur du restaurant, alors que Damien essaye de lui parler de son problème.

LA SCÈNE 

Sébastien :
- Alors cette fameuse urgence ?
Damien :
- Il s’agit de du zoritsa Bellikovitch. C’est une serbe de Croatie par son père et slovène… Non, monténégrine par sa mère… à la suite d’un divorce… peu importe… on ne lui a pas renouvelé sa carte de séjour. Et alors évidemment elle se retrouve sous le coup d’un... comment ça s’appelle ?…
Sébastien : (appelant le serveur)
- Satoshi, ça vient pour le jeune homme, il désigne son fils.
Satoshi :
- Oui !
Damien :
- Ah oui… Un arrêté d’expulsion.
Sébastien : 
- Satoshi, vous avez encore de cette admirable, admirable, glace au thé vert ?
Satoshi :
- Notre glace au thé vert matcha ? Bien sûr, monsieur le président.
Sébastien : (tout en gourmandises et souriants)
- Eh bien je vais prendre cette délicieuse glace au thé vert matcha. Et ce sera mon dessert.
Satoshi : 
- Tout de suite, Monsieur le président
Sébastien : 
- Comment l’appelez-vous déjà cette fameuse glace au thé, vert, matcha ?
Satoshi : 
- Aube pâle sur mon Fuji.
Sébastien :
- Et bien, je vais me taper cette au pal sur le mont Fuji, dit-il avec concupiscence.
Mais vite s’il vous plaît, je suis un peu pressé !
Satoshi :
- Bien sûr, Monsieur le président !
Sébastien : (s’adressant à son fils)
- Tu disais ?
Damien : (Un peu embarrassé)
- Papa ? Tu…… Est-ce que tu es homosexuel ?
Sébastien : (outré)
- Drôle de question ! Non, je ne suis pas homosexuel !
Damien :
- Ah ! pardon ! Je vais te le dire autrement. Est-ce qu’il t’est arrivé de coucher avec d’autres hommes ?
Sébastien :
- Oui… Ça fait de moi un homosexuel ?
Damien :
- Je n’ai pas très bien compris ? Tu couches avec des hommes, mais tu n’es pas homosexuel ?
Sebastien : (souriant ironiquement)
- Il y a chacun de nous une part de l’autre sexe. Seuls les imbéciles refusent de le reconnaître
Damien :
- Peut-être, mais… néanmoins… (Il est interrompu par son père).
Sébastien :
- Je n’ai aucun goût pour ces casiers, identitaires ridicules ou tout le monde se bouscule pour rentrer… se communautarisme répugnant, qui cherche à s’imposer partout, créer la haine de tous pour tous et finira par tout détruire… Je couche avec qui, je veux et personne ne me collera une étiquette.
Damien : (un peu embêté)
- Bon d’accord… mais c’est très bien !
Sébastien : 
- Et toi, ça va de ce côté là ?
Damien :
- De quel côté ?
Sébastien :
- Du côté de l’amour ? J’ai l’impression que ce n’est pas la grande forme.
Damien :
- Ben... pas aussi grande que la tienne ! Papa… (il hésite) Et maman, elle savait ? Je veux dire avant…
Sébastien : (le coupant fermement, théâtral)
- Elle savait ! (Il appelle le serveur) Satoshi chérie … mon manteau. 
Damien :
- Papa… papa, je t’en supplie… Une minute…
Sébastien : (blasé)
- Navré... je n’ai pas cette minute ! (à Satoshi) Pour l’addition c’est sur mon compte, allez, courage… (Il l’embrasse son fils sur le front) … mon vieux !  

La recette de la glace au thé matcha

Dans un bol, mettez 5 à 10 g de thé matcha de bonne qualité (qualité "culinaire" ou "cérémonie", selon l'intensité désirée). Ajoutez 5 cuillères à soupe d'eau à environ 70-80°C. Fouettez avec un petit fouet ou un chasen jusqu'à obtenir une pâte lisse et sans grumeaux. Réservez. 
Dans une casserole, faites chauffer 250 ml de lait entier et 250 ml de crème liquide entière (minimum 30% de matière grasse) jusqu'à frémissement (ne pas laisser bouillir). 
Pendant ce temps, dans un saladier, fouettez 3 jaunes d'œufs avec 80 g de sucre en poudre jusqu'à ce que le mélange blanchisse et devienne mousseux. 
Versez progressivement le mélange lait/crème chaud sur les jaunes d'œufs sucrés, en fouettant constamment pour ne pas cuire les œufs. 
Reversez le tout dans la casserole et faites cuire à feu doux, sans cesser de remuer avec une spatule en bois, jusqu'à ce que la crème nappe la cuillère. Surtout, ne laissez pas bouillir, sinon la crème risque de cailler. Laissez refroidir et incorporez immédiatement le matcha à la crème anglaise chaude. Mélangez très bien pour que le matcha se dissolve uniformément et donne une belle couleur verte. 
Couvrez la surface de la crème avec un film alimentaire (au contact, pour éviter la formation d'une peau) et laissez-la refroidir complètement au réfrigérateur pendant au moins quatre heures, idéalement une nuit.
Versez le mélange bien froid dans votre sorbetière et turbinez selon les instructions du fabricant, généralement entre 20 et 30 minutes, jusqu'à obtenir la consistance d'une glace molle. Transférez la glace dans un récipient hermétique et placez-la au congélateur durant au moins 2 à 3 heures pour qu'elle durcisse et atteigne la consistance parfaite.