Silence ça touille : Bandits bandits au boeuf bourguignon

Publié le 13/05/2025
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Silence ça touille, la chronique cinéma et cuisine de Christophe Casazza avec trois nouveaux films, et Bandits bandits de Terry Gilliam au bœuf bourguignon "express".

par Christophe Casazza

En entrée, je vous propose de partir sur du salé sucré, avec Un Monde Merveilleux, le premier long-métrage de Giulio Callegari. Il nous plonge dans un futur proche où la dépendance humaine aux robots a atteint des sommets. À travers le prisme d'une comédie dramatique teintée d'absurde, le film explore notre rapport à la technologie et questionne ce qu'il reste d'humanité dans un monde de plus en plus automatisé. Le film repose sur le contraste entre ces deux personnages que tout oppose : une humaine (Blanche Gardin) chaotique et pleine de failles face à une machine logique et dénuée d'émotions apparentes.

Un Monde Merveilleux est une comédie dystopique sympathique qui offre une réflexion intéressante sur notre avenir et la place de l'humain face à l'intelligence artificielle.
 

En plat de résistance, je vous sers un film délicieux Les Musiciens de Grégory Magne ! 

Ce qui frappe d'emblée, c'est la sensibilité avec laquelle Magne aborde le thème de la musique et de la collaboration humaine. Loin des clichés habituels sur les musiciens classiques, il nous dépeint des personnages attachants, avec leurs failles, leurs egos parfois un peu trop présents. On sent vraiment la difficulté de l'accord, au sens propre comme au figuré, et c'est fascinant de voir comment l'harmonie finit par émerger de ces individualités. Valérie Donzelli est comme toujours sur une gamme parfaite, et Frédéric Pierrot, sans un couac, apporte une profondeur touchante à son personnage. Bref, voici un quatuor de musiciens qui au final est très juste.

A suivre, une petite comédie légère mais bien dosée  Anges & Cie, le nouveau film de Vladimir Rodionov. En nous plongeant dans le monde des anges gardiens, ces êtres invisibles chargés de veiller sur nous, Il s'aventurait sur un terrain glissant : celui de la comédie romantique teintée de fantastique. Mais il s’en sort bien, avec son intrigue qui se noue autour de Raphaëlle et Gabriel, deux anges aux méthodes diamétralement opposées. Le problème, c’est qu’ils sont contraints de collaborer pour empêcher la romance naissante entre deux humains, Paul et Léa qui visiblement n’ont rien à faire ensembles. Le point fort du film réside dans son duo d'acteurs principaux, Élodie Fontan et Romain Lancry. Leur alchimie à l'écran est palpable et constitue l’aliment principal de ce dessert qui ne manque pas de saveurs.

Pour la séance ciné-culte servez-vous un bon petit coup de Bandits, bandits Le film foutraque, bordélique, et complètement dingue de Terry Gilliam, un des ex Monty Python. C'est un voyage initiatique à travers l'histoire et la mythologie, revisité par un esprit tordu doté d’un budget conséquent. Pourquoi faut-il le voir ou le revoir ? Parce que vous aimez l'humour absurde, les univers visuels déjantés, et l'imagination débridée de son réalisateur. Son film est un feu d'artifice de créativité, avec des décors extravagants, des costumes improbables, et des créatures sorties tout droit d'un cauchemar sous LSD. C'est du Terry Gilliam pur jus.

Dans la scène qui nous intéresse, nous retrouvons un couple lambda d’américains moyens blasés, qui regardent la télé. On sent que le repas se prépare avec une certaine automatisation. Pendant, ce temps, sur le bar, leur fils Kevin, (le héro de ce film) révise ses devoirs. Dans la télé une pub pour du matériel de cuisine précède un jeu télévisé.


La pub :
- Oui, chers amis, moderne design présenté le nec plus ultra de la sophistication ménagère. Sa concentrée de Wonder Major, avec son microprocesseur, permet d’obtenir la quintessence de votre temps libre. Notre creuset électronique permet de transformer un banal bloc de glace en une délicieuse mousseline de homard fumé, en 15 secondes deux dixièmes.
La mère (blasée) :
- Les Morrisson ont un four qui peut le faire en huit secondes. Du bloc de glace au bœuf bourguignon en huit secondes. Ça, c’est quelque chose !
Le garçon :
- Papa, est-ce que tu savais que les Grecs autrefois devaient apprendre 44 façons différentes de se battre
Le père :
- En tout cas nous, nous avons un broyeur à deux vitesses !
Le garçon :
- On leur apprenait 26 façons différentes de tuer les gens rien qu’avec les mains…papa !
Le père :
- Va te coucher Kevin, il est neuf heures.
Le garçon :
- Le roi Agamemnon…
La mère :
- Va te coucher, Kevin, écoute ce que dit ton père !
À l’image, on retrouve le présentateur télé d’une émission de jeux.
Le présentateur :
- Et voici maintenant le moment que vous attendez tous ! Vous allez maintenant contempler nos amis, les stars de notre show : « la bourse ou la vie ». Avec mes filles… Ce ne sont pas de beaux petits lots ? Elles ne sont pas plus belles de jour en jour !
Dans la cuisine, tous les instruments se dérèglent. La mère est affolée.
La mère :
- Tout est tombé en panne d’un seul coup... mon auto-coordinateur s’est bloqué, le toaster, l'ouvre-boîte, la tartineuse, la trancheuse, la friteuse, la barboteuse…
Le père (flegmatique) :
- Il fallait acheter allemand !
La mère : 
- C’est ce que j’ai dit. Au moins cela aurait été assorti à la rôti Matic
Kevin : 
- Maman, papa, est-ce que…Il est interrompu par sa mère.
La mère :
- Ce soir tu vas te coucher de bonne heure ! 
Kevin :
- Justement, j’ai envie d’y aller maintenant.
Le père :
- Tu iras te coucher quand tu auras digéré !
Kevin :
- Mais, je n’ai rien mangé ce soir !
La mère :
- Et bien, mange et tu iras te coucher après !
Le père (excédé) : 
- Seulement si tu as digéré.
Tout se dérègle à nouveau dans la cuisine.
La mère (dépassée) :
- Non, c’est pas vrai ! 


LA RECETTE DU JOUR : LE BOEUF BOURGUIGNON RAPIDE

Dans un autocuiseur, dans de l’huile et du beurre, faites roussir 500 g de viande à bourguignon, coupée en petits morceaux. Ajoutez 150 g de lardons. 2 oignons émincés, 250 g de champignons de paris ou d’ailleurs, c’est vous qui voyez. Saupoudrez le tout avec 1 cuillère à soupe de de farine. Mélangez et laissez dorer un instant.
Mouillez avec 50 cl de vin rouge de qualité, cela doit recouvrir la viande. Salez et poivrez, à convenance.

Ajoutez l’ail et le bouquet garni. Fermez l'autocuiseur.

Laissez cuire doucement 60 min à partir de la mise en rotation de la soupape. Et servez avec des pommes de terre en robe des champs.