Ciné-bouffe : Julia Piaton, Les petites victoires et du boudin noir aux pommes

Publié le 29/04/2025
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Silence ça touille, la chronique cinéma et cuisine de Christophe Casazza met à l'honneur l'actrice Julia Piaton présente dans trois films qui sortent en ce mois de mai 2025, et le boudin noir aux pommes du film qui l'a révélée : Les petites victoires de Mélanie Auffret.

par Christophe Casazza

On la voit partout. Elle a du talent, pour preuve, trois films à l’affiche en mai, ce qui est assez rare pour être noté, des séries, des téléfilms, et pas mal de replay où on peut la voir. Elle, c’est Julia Piaton. Alors, j’ai eu envie de vous proposer un menu spécial Julia Piaton. 

En amuse-bouche, je vous propose Une pointe d'amour de Maël Piriou. Mélanie (Julia Piaton), avocate pêchue, mais avec un timing de vie limité, décide, avant le clap de fin, de mettre le paquet sur le plaisir !". Sur sa "to do list", un seul délire ? Faire un "road trip caliente" en Espagne. Pour son périple, elle embarque Benjamin (Quentin Dolmaire), son pote de toujours, lui aussi abonné aux galères de santé. Leur bolide pour cette aventure ? Un van qui a probablement connu l'âge d'or des Spice Girls et qui menace de se désagréger à chaque dos d'âne. Au volant, on trouve Lucas (le toujours impeccable Grégory Gadebois), tout juste sorti de prison, il est aussi loquace qu'une moule. Autant dire que l'ambiance dans le van est électrique... un peu comme un grille-pain branché sur du 380 volts. Une pointe d'amour, c'est le road trip le plus déjanté de l'année, avec un GPS émotionnel complètement déréglé, et une sacrée envie de rire des tribulations d’un trio follement attachant.

En plat de résistance, je vous sers une bonne tranche de Les règles de l’art, le nouveau film de Dominique Baumard. Yonathan (Melvil Poupaud), expert en montres de luxe dont la vie est aussi excitante qu'un remontoir cassé, voit son quotidien soudainement pimenté lorsqu’il s’acoquine avec Éric, un genre de VRP de la combine et collectionneur de biens mal acquis...ne profite jamais. Avec lui, Yonathan perd toute notion de l'heure... et de la morale. La situation se corse (Sofiane Zermani) comme un bracelet de montre trop serré) quand, pour le compte d’Éric, un certain Jo (Steve Tientcheu), dérobe cinq chefs-d’œuvre au Musée d’Art Moderne de Paris. Si l’on ajoute à tout cela une Julia Piaton (la femme de Yonathan) dont les interventions imprévues viennent gripper les rouages de leur plan foireux, on se retrouve, imaginez un peu le tableau, dans une amusante comédie policière.

Pour le dessert, le chef vous offre La venue de l’Avenir de Cédric Klapisch. Imaginez une joyeuse tribu de cousins qui héritent d'une vieille bicoque oubliée. On envoie les "quatre experts" sur place. Nos quatre fantastiques débarquent dans cette maison où le temps s'est arrêté... en 1978, si on en croit le papier peint psychédélique et la collection de K7 de Demis Roussos. Mais surprise ! En grattant un peu le vernis "vintage", ils tombent sur des reliques d'une autre époque, des indices laissés par une certaine Adèle, une ancêtre partie de sa Normandie en 1895 pour aller goûter aux joies de la révolution parisienne (et probablement aux absinthes bien tassées). Pour nos quatre cousins, c'est le début d'une enquête généalogique à travers le temps. Le choc des époques est aussi agressif qu'un débat sur le vin nature à un repas de soulards. Bref, La Venue de l'Avenir, c'est un joyeux bordel temporel où le passé vient chatouiller le présent… On finit par se demander si, finalement, l'avenir... c'était pas mieux avant... Je vous laisse méditer sur cette pensée.

Ciné-bouffe devant Les petites victoires de Mélanie Auffret avec Julia Piaton et Michel Blanc

Pour la séance Ciné-Bouffe, accrochez-vous, ça va pétiller comme un cidre de Cornouaille bien frais ! Voici Les Petites Victoires, qui nous raconte Mona, campée avec une énergie folle par Julia Piaton, une institutrice de primaire et Maire d’un charmant village breton digne d’Astérix (c’est Le Juch qui a servi de décors). Son nouveau challenge, l'arrivée dans sa classe d'un certain Émile, joué avec une bougonnerie attendrissante par le formidable Michel Blanc (toujours au top de sa mauvaise foi attachante). Émile, c'est le papi du coin, un retraité bourru qui, depuis que son frère est mort) a décidé de retourner à l'école primaire... pour apprendre à lire. Sous la caméra malicieuse de la talentueuse réalisatrice Mélanie Auffret (qui a visiblement un faible pour les Bretons et les situations cocasses), on assiste alors à un feel-good movie breton pur beurre salé, où l'humour et la tendresse s'entremêlent comme les algues sur les rochers de la côte. Vous en ressortirez avec le sourire et l'envie de retourner sur les bancs de l'école... enfin, presque !

Dans la scène qui nous intéresse, Émile Menouc (Michel blanc), vieille élève de primaire de 70 printemps, attend Alice le Guénnic (Julia Platon), sa professeure, à la sortie de l’école. Comme il est seul pour le réveillon, il aimerait bien se faire inviter, et il va y arriver le bougre.

Émile :
- Vous faites quoi pour Noël vous ?
Alice :
- J’ai ma sœur qui s’est invitée avec toute sa famille.
Émile :
- Vous avez de la chance ! Moi je serai tout seul… le soir de Noël. Quand Christian était encore là, je nous préparais un bon gueuleton. Je faisais moi-même le boudin, c’est ma mère qui me l’avait appris, on adorait ça. Et puis cette année… Oh ! Je pense que je mangerai une soupe, et puis…
Alice :
- On avait dit pas de chantage affectif Émile.
Émile :
- Oh non non non non non ! Non, c’est comme ça… On se fait à tout à ce qu’il paraît.
L’instant d’après on retrouve Émile à table chez Alice avec toute la famille de Pauline, sa sœur. Il y a du boudin au menu. Émile explique, aux enfants, comment il l’a préparé.
Rudy (le mari de Pauline) s’adresse à sa fille Lou :
- Mange un petit bout... comme ça seulement
Pauline (à Lou) :
- Je te mets quatre petits bouts de pommes comme ça, t’es pas obligé de manger la salade
Rudy (un peu lèche-bottes, s’adressant à Émile) :
- c’est délicieux… Franchement, c’est délicieux. Et la texture…
Émile (ravi) :
- Et c’est du boudin maison !
Rudy : 
- Mais c’est délicieux hein. C’est plus doux que d’habitude !
Émile :
- ça, c’est mon petit secret ! Quand les oignons sont encore chauds, je rajoute toujours un petit peu de crème avec le sang.
Lou (s’adressant à sa mère, inquiète) :
- Maman, y a du sang dans le boudin ?
Pauline (qui se veut rassurante) : 
- Oh, mais non ma chérie… C’est juste une manière de parler ça !
Émile (offusqué) : 
- Ah non, c'est pas une manière de parler… Quand je t’enfile trois litrons de sang bouilli dans le boyau de porc et que ça me dégueulasse toute la cuisine... croyez-moi, c'est pas juste une image.
Lou (dégoûtée)
- Maman… J’en veux plus !
Pauline
- T’en veux plus ? Ben ! Donne-le à papa.
Rudy : 
- Mais non mais…
Pauline : 
- Ben quoi... c’est pas délicieux ? C’est bon cette texture ?
Alice (pour changer de conversation) : 
- Tu vas être contente Lou, j’ai fait du chapon.
Tout le monde exprime son contentement. Quand la dinde arrive.
Émile : 
- Ah, moi, j'adore le chapon. (il s’adresse à Lou). Tu sais ce qu’on leur fait aux chapons quand ils sont bébés ?
Alice (Intervient sèchement) 
- Non non non non ! 
Elle essaye d’empêcher Émile de parler. 
Pauline (furieuse, regarde Emile dans les yeux) : 
- Non !
Alice (essayant de dévier la conversation) : 
- Et toi Rudy le boulot ça se passe bien ?
Rudy 
- Oh, ouais ! Tu sais ce que c’est ? Stabilo, tableur, factures... facture, tableur, Stabilo... je ne suis pas comme toi, je ne sais pas toujours pourquoi je me lève le matin. Pauline à son mari
-Pour l’argent non ?
Rudy
- C’est vrai.
On sonne à la porte 
Émile (qui n’est pas chez lui) : 
- Oh merde ! On peut même pas être tranquille le soir de Noël. 
Tout le monde le regarde et lui fait comprendre qu’il est gonflé.
Lou (à sa mère)
Il a dit un gros mot
Alice regarde Émile, elle est en colère et jette un regard noir à Émile.
 

Recette du boudin noir aux deux pommes

Pour la purée de pommes de terre : faites cuire 1 kg de pomme de terre à chair ferme, à l’eau bouillante, avec 2 étoiles de badiane et une belle pincée de gingembre. Quand elles sont cuites, vous les égouttez, vous les remettez sur le feu, vous les écrasez au fouet en ajoutant 50 g de beurre, 10 cl de lait, du sel et du poivre. Puis, hors du feu, un bouquet de ciboulette ciselée.

Vous coupez quatre pommes en petits cubes et vous les faites revenir dans un beurre mousseux avec 2 étoiles de badiane et une belle pincée de gingembre en poudre. Quand les pommes ont une jolie coloration dorée, vous ajoutez des tranches de boudin noir (assez larges) et vous faites cuire le tout en mélangeant délicatement. Salez et poivrez.

À l'aide d'un pinceau, vous décorez l'assiette avec du piment d’Espelette en poudre que vous avez fait tremper dans de l'huile d’olive.
Vous n’avez plus qu’à y déposer la compotée de boudin aux pommes et l'écrasée de pommes de terre. Vous servez en regardant le film en replay sur France 2. 

Bon appétit, bon film, et que la gourmandise soit avec vous !