Plancton à découvert

Publié le 11/12/2025
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Avec l'association Bretagne vivante, on plonge ses oreilles dans l'océan et on s'intéresse au plancton : micro-animaux, plantes, algues, levures... la vie marine en très petit, mais dont l'importance écologique est immense.

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Photo de couverture : du plancton au microscope - crédit : Nicole Maillard

Le plancton désigne tous les organismes vivants qui suivent le courant (marin ou d'eau douce) ; le plancton végétal, c'est le phytoplancton ; et le zooplancton est constitué d'organismes unicellulaires qui se nourrissent du plancton vivant : les copépodes des crustacés, des larves de crabes, etc. Les tailles vont de moins d’un micron à 10 mètres (soit 10 millions de fois plus) puisque les méduses font partie du plancton. Le plancton est la base de la vie sur terre — on parle de poumon de la planète — mais c'est aussi la base de la chaîne alimentaire. 
 

Avant d'être bénévole de Bretagne vivante, Nicole Maillard est laborantine en microbiologie puis en biologie au lycée, et elle a toujours scruté l'infiniment petit, d'abord les bactéries, puis les microorganismes du sol, de l'eau et enfin les myxomycètes au travers de culture de blobs. Salariée de l'association, Virginie Antoine a quant à elle travaillé auparavant pour l'Ifremer à identifier toutes les espèces de phytoplancton (le plancton végétal) qu'elle observait au microscope. Au début, elle a vu cela comme une punition… jusqu’au moment où elle a mis son nez derrière le microscope et découvert la beauté de ces micro algues.

La beauté des planctons

On est d'autant plus sensible au vivant qu'il nous émerveille ; et dans le cas du plancton, c'est un ravissement pour les yeux quand il est grossi au microscope, tous ces petits animaux et micro-algues aux couleurs vives, aux formes parfaites, souvent très graphiques, aux mouvements spectaculaires et aux modes de reproductions parfois étonnants, comme la diatomée en "boite à camembert" dont le "couvercle" se détache pour aller former un autre individu au gré des courants. 

Et leur fragilité

La définition du plancton, "tout ce qui dérive et ne peut remonter le courant", symbolise sa fragilité vis-à-vis des facteurs de pollution et des impacts des activités humaines qui génèrent la dégradation irréversible de son milieu aquatique. Il ne peut fuir les modifications d'environnement comme l'excès de nitrate de phosphore qui cause des déséquilibres dans l'écosystème planctonique, d'où les blooms (explosions de vie) de certaines espèces et disparitions d'autres. Le programme de sciences participatives Phenomer permet de suivre ces évolutions de blooms par satellites et plus précisément par prélèvement local.

L'exemple des diatomées

Les bénévoles de Bretagne vivante ont à cœur d'alerter les responsables politiques, en particulier sur la disparition de diatomées siliceuses magnifiques par leur symétrie et intelligentes car elles peuvent construire leur "boite de verre" à 15 °C dans l'eau alors que l'homme doit faire monter la température à 1550 °C pour fabriquer des objets en verre. Les diatomées sont directement impactées par l'acidification de l'eau qui les empêche de fabriquer leur boite, leur enveloppe. Or, qui dit disparition des diatomées, dit fin du zooplancton et donc fin de la nourriture pour les sardines, etc. L'océan est 30 % plus acide qu'il y a 250 ans du fait de nos émissions de gaz à effet de serre, le CO2 en particulier qui se "dissout" dans l'eau de mer et en fait baisser le PH.

Sachant que le phytoplancton génère la moitié de l'oxygène pour les êtres vivants de notre planète et fixe autant de CO2 que les plantes et les forêts sur terre, il faudrait une prise de conscience aussi importante que pour le reboisement sur terre.  Or, que ce soit lors des COP (conférences des parties) ou lors des actions de sensibilisation grand public, la cause du plancton reste à la marge, malgré l'action importante de gens comme le biologiste-artiste Pierre Mollo, de l'Ifremer, d'associations comme Ystopia ou l'Observatoire du plancton, des stations biologiques (Roscoff, Concarneau), des expéditions de Tara océan ou d'Océanopolis.

Alerte sur le déséquilibre de la chaîne alimentaire et les menaces sur la pêche et l'élevage de coquillages

Le plancton nourrit crustacés, mollusques bivalves comme les coquilles Saint-Jacques et les huitres. 
L’étude du plancton permet de mieux appréhender les cycles de vie, certains organismes passent de la vie libre dans l'eau à une forme fixée, comme les balanes ou les méduses. Les déséquilibres des apports de sels nutritifs provoquent des perturbations des communautés phytoplanctoniques. Des perturbations de nos écosystèmes provoquent par exemples la prolifération des méduses, qui prennent la place de grands prédateurs ou diminuent la taille de sardines, car la valeur nutritive du plancton n’est plus suffisante.

La prolifération de micro-algues dinophysis et autres dinoflagellés qui sont à l'origine de la fermeture de sites de pêche à pied de plus en plus fréquemment, mais aussi en rade de Brest (Cf phytotoxines ASP de PseudoNitschia et interdiction de manger des coquillages). 

Collecter, décrire, analyser la diversité et suivre l'évolution du plancton, informer les populations et les décideurs, voilà ce qui permettra de construire un discours politique pour démontrer l’importance de ce premier maillon de la chaîne alimentaire. L’étude du plancton rend modeste et demande une patience infinie, les scientifiques reconnaissent qu'on n'en connaît que 10 %, peut-être un peu plus depuis les expéditions de Tara et l'étude génétique

Des livres pour en savoir plus sur le plancton

  • L'enjeu plancton, Maëlle Thomas-Bourgneuf et Pierre Mollo, éditions Charles Léopold Mayer
  • Justice pour l'étoile de mer Vers la reconnaissance des droits de l'océan, de Marie Calmet, François Sarano et Marion Sarano, ed. Mondes sauvages
  • Plancton, aux origines du vivant, Christian Sardet, Ulmer

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