Construire ou rénover soi-même un bâtiment en presqu'île de Crozon et Aulne maritime

Publié le 09/01/2025
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Les citoyennes et citoyens du climat de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime s'informent, échangent et agissent pour faire avancer la transition climatique. Dans cette émission, il est question d'autoconstruction ou d'autorénovation de son habitat ou d'un bâtiment usuel.

Le site internet des Citoyennes et citoyens du climat de presqu'île de Crozon et Aulne maritime

Des informations sur l'aide à la rénovation et les règles d'urbanisme sur le site internet de la Communauté de communes de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime

Construire ou rénover soi-même son logement ou un autre bâtiment, c'est une aventure au long cours, qui demande beaucoup d'énergie et de temps.

Construire ou rénover soi-même un bâtiment : réappropriation et autonomisation 

Pourtant, c'est aussi une façon de se réapproprier son logis, son "nid" et d'acquérir des connaissances, des savoir-faire… et des savoir-être car l'autoconstruction est souvent aussi une aventure collective, jalonnée de chantiers participatifs, de stages pour aider d'autres à construire tout en apprenant, de recherches et échanges de trucs et astuces voire de matériaux, etc. En bref, il s'agit de reconquérir une autonomie, des capacités à faire soi-même, à maîtriser un élément essentiel de sa vie : son habitat. 

Avant d'autoconstruire, on peut réellement s'interroger entièrement sur ses envies et ses besoins réels pour imaginer le lieu où on vivra au quotidien ; on échappe à des normes qui ne conviennent pas forcément à ce qu'on est (garage, jardin, grand salon sont-ils toujours indispensables ?). On peut aussi faire le choix de matériaux bio sourcés : bois, chaux-chanvre, terre crue ou paille.

La paille, c'est le choix qu'a fait Céline Marzin pour construire un bâtiment habitable, destiné aussi à devenir un centre de ressources sur l'écologie à Telgruc-sur-Mer. Et il s'agit de paille porteuse : des bottes de paille font office de briques pour les murs. Elles restent alignées grâce à des piquets de bois en armature interne, une armature bois externe vient renforcer les pignons, le tout est étanchéifié par un enduit chaux-chanvre qui solidifie les murs sans les empêcher de respirer et de réguler l'humidité et la température intérieures. La paille est aussi utilisée pour isoler la toiture réalisée par un artisan (charpente et couverture en ardoises classiques). La construction en paille progresse en France, mais elle reste encore très marginale, surtout en paille porteuse, c'est pour cette raison que l'autoconstruction s'impose souvent dans ce cas, faute de professionnels compétents. 

Solliciter la participation : artisans, volontaires qui veulent se former aux techniques, etc.

Dans le cas de Céline, le chantier d'autoconstruction a en outre été participatif avec 160 personnes venues passer quelques jours sur le chantier ou présentes à toutes les phases de travaux (printemps/été) pendant les trois années de construction. Céline a donc surtout développé des qualités de manageuse, voire d'hôtesse (pour héberger et nourrir les volontaires). 

Nul besoin d'être a priori un professionnel du bâtiment pour se lancer dans l'autoconstruction, le tout est de bien s'entourer. On doit avant tout s'atteler à la gestion du projet, la coordination ; on peut très bien avoir recours à des artisans ou des bricoleurs chevronnés pour les travaux les plus délicats.

Éviter le gaspillage, réduire les déchets, récupérer

Juliette Cariou a quant à elle décidé de rénover elle-même sa maison (également à Telgruc), une ancienne ferme, habitable, mais qui nécessitait de nombreux aménagements pour devenir plus saine. Si elle n'a pas coordonné de véritable "chantier participatif", elle a tout de même fait appel à ses proches pour des coups de main sur le chantier. Juliette a particulièrement apprécié tout ce qu'elle a appris en auto-rénovant ; elle a pu maîtriser aussi la gestion des matériaux - écologiques ou bio sourcés - en limitant au maximum les déchets et le gaspillage. Elle a notamment mis en place un hérisson ventilé, autrement dit un dispositif qui permet une aération et une circulation de l'eau à la base du bâtiment, en tapissant le sol de cailloux récupérés sur son terrain. 

La récupération des matériaux est d'ailleurs souvent associée à l'auto-rénovation et à l'auto-construction, en cohérence avec les préoccupations écologiques de celles et ceux qui choisissent cette voie. Voilà qui tombe bien, l'association La Rec'Up s'apprête à ouvrir un site à Hanvec : on pourra s'y approvisionner en matériaux de récupération, mais aussi apprendre à déconstruire pour la récupération et à rénover en recyclant. 

Risques d'épuisement et patience 

Si l'aventure de l'autoconstruction ou de l'autorénovation est excitante, passionnante, souvent exaltante, elle a aussi ses revers : beaucoup de pression quand on coordonne un chantier (Céline a tout de même subi un "burn out" après la construction de son bâtiment). Les chantiers d'autoconstruction en couple se traduisent par une séparation dans un cas sur deux ! On s'épuise... car quand on fait soi-même, forcément, c'est plus long ! Juliette n'a toujours pas terminé de rénover sa petite ferme et ne sait pas quand elle en verra le bout. Céline a récupéré et va pouvoir s'atteler aux finitions pour occuper enfin pleinement son bâtiment en paille, plusieurs années après le lancement des travaux.